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Des Papous pleins la tête, les yeux et les oreilles

publié par le 8 juillet 2008

Il est vrai que ce rendez-vous amoureux était attendu depuis quatre ans dans la capitale et les Parisiens n’étaient pas les seuls à s’inquiéter déjà de ne pouvoir entrer dans l’arène où allaient se produire les Grands Fauves Littéraires et Ludiques de France Culture. Nous venions de toute la France, voire peut- être d’autres pays et... « même de Clermont-Ferrand », comme avait eu plaisir à le souligner, taquin et admiratif (?) le très regretté Bertrand Jérôme lors de l’enregistrement public de 2002

Les portes s’ouvrirent vers 18 h 00 et certains durent se contenter de suivre la séance sur grand écran dans les salles de cinéma voisines. Ils y gagnèrent cependant à voir de très beaux visages en gros plan et à saisir au plus près des mimiques aussi hilarantes que les propos tenus.

Le coq chanta à 19 h 00 précises et Françoise Treussart, lionne rousse aux aguets, superbe et généreuse, fit son entrée, suivie de Dominique Muller, Hélène Delavault, Patrick Besnier, Patrice Caumon, Patrice Delbourg, Patrice Minet, Jacques Vallet, Lucas Fournier, Serge Joncour, Hervé Le Tellier et Éva Almassy (certains purent enfin poser un visage sur sa voix enjôleuse très prisée des messieurs — l’un d’entre nous peut en témoigner !).

Des applaudissements nourris, enthousiastes, les accompagnèrent jusqu’à la fin du générique de début, preuve incontestable de la passion papouesque que les auditeurs vouent à ces dévorés du Verbe.

Le silence se fit. C’est qu’une émission des Papous, qu’on l’écoute dans sa salle à manger à l’heure du déjeuner ou dans une salle de conférences à celle du dîner, se déguste !

Le silence souvent se rompit à tout rompre car jeux de mots, vraies-fausses citations, situations burlesques et abus de langage en tout genre se succédèrent à un rythme effréné et il était tout à fait justifié de gratifier nos héros de grands éclats de rire qu’on ne pousse habituellement que devant son assiette !

Et on pâlit d’admiration quand il s’agit de nous faire entendre des textes écrits en direct...

Oserons-nous vous donner notre liste de Morceaux de choix pour collectionneurs ? De la Dissertation de philosophie de Patrice Caumon qui a obtenu un 20/20 bien mérité, au Léger Strabisme divergent de Serge Joncour qui voit dans le Voiture-salon de Hopper une ultime version de l’Angelus de Millet (et on se prend à rêver de parcourir le Louvre ou Orsay en compagnie d’un historien de l’Art aussi émérite !), en passant par l’étrange visite de la Cité des sciences revisitée par Jules Verne et ses personnages (mais, pourquoi, diable, toutes les sections se trouvent-elles au deuxième étage ?!...), sans compter les experts qui se laissent gruger par Ionesco et ses Exercices de conversation pour étudiants américains, d’autres exercices de style à réveiller un Queneau, immortel de l’Oulipo — connaissez-vous, camarades, le style « Mai 68 » revendiqué, poing levé, voix enrouée, par Hervé Le Tellier ? — on voudrait tout raconter. Et que dire encore des Dix mots pour... une chronique d’une journée à Roland Garros par Patrice Caumon et d’un Mystère du téléphone délicieusement proustien où les fines de clair de lune si poétiques pourtant n’égalent pas les madeleines dodues et dorées ?

Et comme il est injuste de ne pas tout Cité ! Mais, heureusement, il y a des séances de répétition et de rattrapage puisque cette soirée inoubliable qui a duré plus de trois heures a été diffusée en plusieurs émissions les dimanches 15, 22 et 29 juin derniers, que des fondus enchaînés de la gymnastique verbale les ont téléchargées et qu’il y aurait une vidéo de la soirée visible sur le site de France Culture.

Avis aux amateurs, donc, et ne ratez pas la prochaine séance !


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