Du bon usage des piles

L’univers hospitalier est sombre, angoissant, silencieux à part les chariots des couloirs. Plongée là dans la souffrance, l’ignorance de l’heure, du jour, du lendemain, il n’y a qu’une solution salvatrice : la radio. Les visiteurs n’ont qu’une chose à vous apporter : des piles, des piles...

Au détour des rediffusions de la série Sur les docks et Les Chemins de la connaissance, le plaisir de reconnaître la voix de Jean Lebrun. Je bénissais presque mon malheureux hasard lorsque j’entendis Adolphe de Benjamin Constant lu par Jean Debucourt. La langue française à son acmé lu par un comédien des plus grandes qualités.

Un soir : quelques vers de Victor Hugo : les premiers des Orientales ses premières
publications et aussitôt leur traduction musicale par Berlioz. Un début d’annonce pour la correspondance entre Delacroix et Berlioz et puis plus rien. Problème de piles ! Agitation, panique vers le tiroir du chevet qui cache les piles, fébrilité pour le volet qui les retient : dans quel sens. Renseignement précieux perdu. Matinée longue, interminable. La voix de Philippe Garbit annonce quelque merveille ; donnez-nous l’heure M. Garbit, nous sommes dans un univers sans pendule. Nuit sans repère à espérer la voix d’Ali Baddou ; alors une autre journée va commencer et peut-être la vie meilleure.

Dormeurs éveillés anonymes et sans génie, nous avons eu la faveur récente d’une émission sur Pierre Reverdy, la Poésie, viatique indispensable pour traverser la vie et parfois l’autre rive.

Mon expérience douloureuse a aussi rencontré du personnel attentif et mon addiction à France Culture me donnait beaucoup de considération. Nous pourrions nous en réjouir.